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Théorie > Inégalités > Inégalités portant sur l'ordre

Prérequis

Résumé

L'inégalité de réarrangement et l'inégalité de Tchebychev requièrent de l'information sur l'ordre des différentes variables pour être utilisées. En pratique, une telle information peut par exemple être donnée dans l'énoncé ou être supposée sans perte de généralité grâce à la symétrie de l'inégalité considérée.

Ce chapitre a été écrit par B. Legat et N. Radu et mis en ligne le 8 décembre 2014.

1. Inégalité de réarrangement

Supposons être en présence de deux suites de nombres, comme par exemple (1,2,3) et (4,5,6). L'inégalité de réarrangement nous indique comment on peut coupler ces nombres deux par deux de sorte que la somme des produits soit la plus grande possible. Intuitivement pour notre exemple, la plus grande somme que l'on peut obtenir est 14+25+36=32, et il suffit de tester les 6 différentes possibilités pour s'apercevoir qu'il s'agit effectivement de la meilleure option.

L'inégalité de réarrangement dit que notre intuition est toujours la bonne. Elle mentionne également que pour obtenir la plus petite somme, il faut coupler les nombres en sens inverse (sur notre exemple, 16+25+34=28).

Inégalité de réarrangement
Soient x1xn et y1yn des nombres réels. Pour toute permutation σ de {1,,n}, on a
x1yn++xny1x1yσ(1)++xnyσ(n)x1y1++xnyn.

La notation avec σ ne doit pas perturber le lecteur : elle permet simplement de dire que l'on permute les yi.

Démonstration
Pour démontrer que la plus grande somme est atteinte lorsque les suites sont dans le même ordre, on prouve que dans tous les autres cas la somme n'est pas maximale. Partons donc d'une somme où les suites ne sont pas dans le même ordre et montrons qu'on peut l'augmenter en changeant l'ordre. Considérons
x1y1++xnyn avec x1,,xn et y1,,yn qui ne sont pas dans le même ordre, c'est-à-dire avec xi<xj mais yi>yj pour certains i,j. On peut alors directement augmenter cette somme en inversant yi et yj. En effet, on a
xiyi+xjyjxiyj+xjyi puisque cela peut se factoriser en
(xixj)(yiyj)0 qui est toujours vrai comme xi<xj et yi>yj. On vient donc de montrer que dans n'importe quel cas où les deux suites ne sont pas dans le même ordre, la somme n'est pas maximale. Cela prouve que le maximum est atteint lorsque les suites sont dans le même ordre.

De la même façon, on montre que le minimum est atteint lorsque les suites sont dans des ordres opposés.

2. Inégalité de Tchebychev

L'inégalité de Tchebychev permet de comparer une "moyenne des produits" avec le "produit des moyennes".

Inégalité de Tchebychev
Soient a1,,anR et b1,,bnR.

  • Si a1an et b1bn, alors
    a1b1++anbnn(a1++ann)(b1++bnn), ce qui s'écrit, à l'aide du signe somme,
    1nni=1aibi(1nni=1ai)(1nni=1bi).

  • Si a1an et b1bn, alors on a au contraire
    1nni=1aibi(1nni=1ai)(1nni=1bi).

Démonstration
La démonstration consiste à utiliser l'inégalité de réarrangement à plusieurs reprises. Détaillons le cas où a1an et b1bn.
Par l'inégalité du réarrangement, on a les n inégalités suivantes :
a1b1+a2b2++anbna1b1+a2b2++anbna1b1+a2b2++anbna1b2+a2b3++anb1a1b1+a2b2++anbna1b3+a2b4++anb2a1b1+a2b2++anbna1bn+a2b1++anbn1 En additionnant ces inégalités, on obtient
n(a1b1+a2b2++anbn)(a1++an)(b1++bn), et on arrive au résultat en divisant les deux membres par n2.